aNoTHeR La JeTée
© janvier 2021
SuNSèTe PRoDuCTioNS
Des paresseux, des paresseuses,
avant même que l’art entre dans l’ère du temps dit de l’anthropocène
ou encore dit de l’entropocène, l’ère de l’art en trop, du trop plein pollué d’objets d’art polluants, l’ère à jamais marquée par l’invention du rituel
de La Jetée, rituel qui consistait à jeter l’art déjà là, déjà fait, déjà passé
de mode à démodé, dans les conteneurs prévus à cet effet,
des paresseux, des paresseuses,
j’en avais déjà vu des tas.
Partant de l’étrange capacité de s’autodétruire qui était de toute évidence
le propre de l’homme, l’artiste en grève Gustav Metzger avait ouvert
la voie en novembre 1959 avec son invention et son manifeste
de l’auto-destructive art…
L’amer indien Jimmie Durham avait pris le relai dès le début
des années 2000 avec Smashing, une performance devenue culte…
Un workshop durant lequel il avait destroyé toute oeuvre que tout élève
de l'école d’art de la fondation Ratti posait sur son bureau...
Des paresseux, des paresseuses,
du Sleep d’Andy Warhol filmant le dormeur John Giorno
à l’art peu de Boris Achour, en passant par le principe d’équivalence
posé en 1968 par Robert Fillou entre le pas fait et le bien fait ou le mal fait,
ou encore par le mode d’emploi des oeuvres-énoncés depuis 1968
par Lawrence Weiner — à savoir que
1°) L’oeuvre pouvait être réalisée par l’artiste,
2°) L’oeuvre pouvait être réalisée par quelqu’un d’autre,
3°) L’oeuvre ne devait pas être nécessairement réalisée —
sans oublier ni les artistes sans oeuvres, ni le Bartleby de Melville,
ni Le Droit à la paresse de Laforgue, le gendre de Karl Marx,
ni La société de la fatigue de Byung-Chul Han,
ni le Marcel Duchamp et le refus du travail de Maurizio Lazzarato,
ni L’éloge de l’oisiveté de Bertrand Russel,
ni les singes ainsi nommés, ni les escargots thérapeutes experts
du qui va piano va lontano, ni les adeptes du farniente, des orteils
en éventail, du ne rien faire, des paresseux, des paresseuses,
j’en avais déjà rencontré, vu et lu des tas et des tas. >>
Oui, mais une paresseuse comme celle-là,
comme celle qui vit et travaille L’ART DE RIEN quelque part à Marseille,
incognito, ni vu ni connu, s’appliquant avant tout à préserver l’anonymat pour tout ce qu’elle a choisi de ne pas de ne plus faire dans le champ
de l’art, à n’être rien de plus, rien de moins,
rien sinon une illustre inconnue, une paresseuse
comme celle-là, comme celle qui a choisi de se nommer
X
aNoTHeR
LaZy aRTiST
c’était la première fois
que j’en rencontrais une
pour de vrai.
>>> vidéo à venir
>>> première diffusion prévue le 3 janvier 2021
>>> dans le cadre de la première journée internationale de la paresse
>>> imaginée et programmée par aNoTHeR LaZy aRTiSTe
La FiN MaNQue
© janvier 2021
SuNSèTe PRoDuCTioNS
Karine Vonna Zurcher et George K. Zenove,
que nous appellerons dans un premier temps KVZ et GKZ, puis Elle et Lui,
se sont rencontrés à Strasbourg, fin 1995...
KVZ aimait le mouvement. Philosophe de formation, Ancienne élève
de Jean-Luc Nancy et Philippe Lacoue-Labarthe, elle opérait dans le champ
de la danse contemporaine. Elle était en permanence en mouvement.
Genre la pensée en acte ou l'action de penser. Elle adorait bouger.
Elle adorait faire bouger les lignes de son corps, la ligne d'horizon de ses idées,
ses certitudes autant que ses incertitudes, toutes disciplines confondues.
GKZ aimait en faire quant à lui le moins possible. Il fréquentait le rien, le presque rien, le trois fois rien et même le moins que rien. Il pratiquait l'effacement, l'anonymat, le néant. Il disait qu'il était chercheur, chercheur d'art,
mais il ne cherchait rien sinon ce qui se présentait sans prévenir,
ce qui venait comme ça venait. Une image arrêtée, un espace-temps vide,
en suspend, genre freeze, comme disent les chorégraphes et les danseurs.
Il adorait le hasard, l'inconnu, l'incertitude, l'inachevé, le peu et le peut-être.
Pour dire son art de vivre, son style de vie, il avait sa propre formule. Il disait juste
LE MOINDRE EST FORT
Chaque fois qu'on lui faisait le reproche de ne pas aller
jusqu'au bout de ce qu'il entreprenait, il disait
LA FIN MANQUE
Pour dire sa différence, elle avait quant à elle
quantité de formules. Elle disait
L'OEUVRE NE S'IMPOSE PAS
C'était sa formule préféré. Mais il lui arrivait aussi
de dire à tout bout de champ, à n'importe quel propos
JE NE COMPRENDS TOUJOURS PAS,
JE CONTINUE...
Elle et lui étaient faits tout compte fait pour s'entendre.
L'un dans l'autre, ils se complétaient. Ils s'étaient bien trouvés.
Ensemble, depuis fin 1995, depuis 25 ans, un quart de siècle donc,
sous différentes appellations, au nom de x collectifs orientés art contemporain
par eux fondés et animés — les ateliers d'utopie *, l'île en ville, le forum itinérant,
nowhere, iF collectiF, iJNDZN... — , au nom de x associations de chercheurs
et opérateurs d'art — prime time, hors champ, superformances, coming soon, shandynamiques, BANG !... —, ils ont à ce jour fait les 400 coups partout
où ils ont été de passage. Juste de passage.
À Strasbourg, Mutzig, Sélestat, Paris, Pantin, Aubervilliers, Drancy, Noisy-le-Sec, Grenoble, Lyon, Villeurbanne, Montpellier, Marseille, Annecy, Annemasse, La Clusaz, Perpignan, Cerbère, Sète, Nîmes, Dresde, Bremen, Berlin, Bâle, Genève, Sierre, Leipzig, Poznan, Pècs, Bled, Ljubljana, Trieste, Venise, Bucarest, Budapest, Sofia, Varna, Thessalonique, Tbilissi, Vienne, Bruxelles, Girona, Barcelone, New York City...
>>> vidéo à venir
>>> première diffusion prévue le 1er avril 2021
>>> dans le cadre de la contruction déconstruction d'une situation
>>> d'insurrection poétique à Sète, au 51 rue Pierre Sémard